Depuis le sommet, quelque chose comme 3400 mètres, on descend en ayant comme objectif les eaux du lac et le repas. C’est moins pentu, nos jambes saluent ce changement de dénivelé. Mais que ce dîner se fait attendre. C’est tellement un faux-plat qu'au bout d’un moment on pense ne jamais atteindre la yourte. On récupère du chenis à gauche et à droite pour le déposer dans les poubelles du camp. On ne peut malheureusement pas tout récupérer vu la quantité de déchets. C’est bien différent du reste du pays ici ! On croit arriver plusieurs fois, tant on passe à proximité de yourtes, mais notre joie est sans cesse repoussée. Quand on arrive au camp, on montre nos déchets et la maman nous dit de les donner à son fils. Vu la moue de celui-ci, les poubelles ne doivent pas être à côté haha !

On est en avance sur les prévisions du guide. Il est quelque chose comme 14h et on nous indique que l’on mangera vers 15h. On quitte donc le beau temps pour s’enfermer dans l’obscurité de la yourte « salle à manger ». Je précise bien le type de la yourte car dans les camps que l’on a visités, il y a toujours plusieurs yourtes, une pour la cuisine et la famille, une pour manger et une pour dormir (nous les touristes). On profite de faire une sieste, nos jambes et nos esprits réclamant un break.

Une fois bien reposés, c’est au tour de nos estomacs d’être réparés. On crevait bien la dalle ! Au menu, une « traditionnelle » salade accompagnée d’un plov, riz savoureux avec des bouts de viande (mouton, pas top) et de carottes (mieux) essentiellement. On partage cette fois-ci le repas avec nos hôtes et on peut échanger quelques mots avec la maman qui a une pointe d’humour bien sympathique. Mis à part cela, on peut en découvrir davantage sur leur mode de vie et c’est très intéressant. Ils ne sont là, apparemment, que 3 mois durant l’été, quand les enfants n’ont pas cours. Le reste du temps, ils vivent dans le dur dans la vallée de Kochkor. Pendant que l’on discute, la fille (et c’est toujours ainsi que ça se passe) vient nous amener du tchaï, la seule boisson proposée. Il est identique chaque fois mais très bon. Ils mettent du thé déjà infusé (plutôt fortement) dans une bouilloire et de l’eau chaude dans une sorte de grand thermos ; ensuite, on te verse un peu de thé et d’eau chaude pour faire un thé parfaitement corsé. Normalement, il n'est pas proposé dès le début du repas mais plutôt vers la fin.

Ah, sinon, on ne vous a pas dit, on partage le repas aussi avec notre « ami » syrien. Il a été déposé en voiture au campement. Apparemment, il s’est fait mal à la cheville et ne peut plus faire de cheval… Hum, ok, on ne voit pas trop le rapport mais pourquoi pas… Bref, je lui demande si sa tête va mieux. Il me répond qu’il n’avait pas bu le soir d’avant, souhaitant sûrement faire bonne impression auprès des locaux (qui pipent très légèrement l’anglais). Définitivement un fourbe ! On ne lui parle plus depuis ce moment, il ne vaut pas l’os !

Lorsqu’on ressort de la yourte, changement d’ambiance. La météo se montre menaçante, presque apocalyptique. On enfile donc nos K-way et pantalons de pluie pour longer le lac de Song Kul. Si c’est moins agréable de marcher sous la pluie, au moins il fait moins chaud et qu’est-ce que c’est beau aussi un paysage orageux. On dégaine nos outils pour prendre des photos tant que possible (il ne faut pas les noyer non plus). Les éclairs se déchaînent derrière les montagnes, on est bien contents de les avoir passées. On dépasse de multiples yourtes, troupeaux de bétail, on évolue dans des terrains parfois lisses, parfois bombés, limite marécageux. Le vent crache toute sa force sur nos corps, on lui résiste, non sans mal. Le lac est des plus agités, de grandes vagues charrient sable et gravillons. L’envie initiale était de se baigner dans ses eaux mais ça calme en voyant ça. Ce n’est pas là-dedans qu’on va vraiment pouvoir laisser notre sueur.