C’est alors que la météo se montre encore plus violente que l’on atteint le camp du soir. On croit initialement que c’est une pause pour s’abriter car on n’a pas marché les 3 heures comme indiqué mais plutôt moins de 2h. Le chaud a laissé place au froid. Après avoir déposé nos affaires dans notre yourte « dodo » dans laquelle dormaient 3 Allemands, on file avec notre guide dans la yourte « dégustation ». Mais, vu les précipitations et la température, les hôtes nous proposent de les rejoindre dans la yourte principale, celle où ils se retrouvent tous, 3 générations (minimum) confondues. On accepte volontiers l’invitation, c’est fort sympathique de leur part de nous accueillir dans leur intimité. On est bien entendu invités à occuper les meilleures places, à côté de la table à tout faire. On ne veut pas accepter. Mais ces gens se plieraient en 4 pour vous accueillir au mieux, alors on finit par se résoudre à s’asseoir, après avoir serré la main au « chef » de famille.

On nous offre du thé et du pain qui vient d’être cuit. Ca passe bien. On a l’occasion de voir comment les femmes cuisinent. Je précise bien « les femmes » car il y a un réel partage des tâches dans la communauté nomade. Les femmes s’occupent plutôt de l’intérieur et les hommes de l’extérieur. L’une des filles grille tant bien que mal une sorte de naan sur la chaudière. Un espace adapté à des poêles ou à une cuisson à même la fonte permet de préparer des plats chauds. C’est joli à observer, le matériel est spartiate. Une autre fille commence à découper des légumes sur un petit tabouret. On se dit qu’elle n’ose pas couper sur la table pour ne pas nous gêner. Bien au contraire, ça nous gêne de la voir se priver d’un minimum de confort et on préfère laisser la famille et rejoindre la yourte d’à-côté. Mais merci à vous de nous avoir permis de découvrir encore un peu plus votre vie.

Ynti nous accompagne et on s’attable pour jouer un coup aux cartes. On lui propose de se joindre à nous, ce qu’il accepte le sourire aux lèvres. On lui apprend donc à jouer au rami. Si ses débuts sont hésitants (jamais bien facile d’apprendre de nouvelles règles), il s’en sort très bien et par la suite il nous a même mis quelques races. Il sort vainqueur et cela lui fait très plaisir. Il est touchant ce gamin (17 ans), vraiment un bon gars.

Tam profite de quelques lueurs avant le souper pour courir en haut des collines environnantes prendre des magnifiques photos du coucher de soleil, lui qui refait une courte apparition.

On mange en compagnie des Allemands et des guides. C’est un peu moins bon cette fois-ci. On nous sert une salade avec une sorte de fajita de légumes. C’est là que le mal de montagne reprend du côté de chez Tam. Ce phénomène, déjà apparu lors de notre tour du monde au Pérou et en Bolivie, lui provoque des bonnes vieilles diarrhées. C’est ainsi qu’elle part au pas de course faire coucou aux toilettes. Un endroit moyennement top pour subir de tels désagréments, mais ma fois, on ne choisit pas ! Haha ! Ca la poursuivra jusqu’à la fin du voyage.

Cette fois-ci, on dort en bon gruppetto. Notre yourte accueille 7 personnes mais elle est suffisamment grande pour cela alors no problem. Et avec ce froid, pas gênant de se serrer si nécessaire. Avec Tam, on accumule les couches et on s’emmitoufle sous 2 grosses couettes. Durant la nuit, c’est le chaud qu’on ressent plutôt. On est dans un agréable cocon. Un mal de dos parasite mon sommeil, j’essaye donc de le retrouver en lisant quelques pages de mon livre de poche. Mais le mal persiste, il faut que je bouge. Je me pose donc contre une grande malle. Mais cette dernière, vidée de tous ses draps, ne résiste que moyennement sous mon poids. Elle balance quelque peu mais je m’en accommode. Une heure plus tard, me revoilà rendormi sous la couette. :-)

Dès 7h, je me lève et profite des belles lueurs, dans le calme de la journée naissante. Le soleil réchauffe mon corps engourdi. Ynti me propose de monter le cheval, ce que j’accepte. C’est déstabilisant, c’est une première pour moi. Je ne vais pas dire que j’aimerais pratiquer l’équitation pour être franc. Il faut gérer son équilibre. Je redescends assez vite. L’envie la plus pressante là, c’est d’aller me baigner dans le lac Song-Kul, lui qui est désormais reposé, calme. Ses eaux sont transparentes, propres à souhait. Par contre, elles doivent être froides donc souhait moyen ! ;-) Tam n’étant pas réveillée, j’immortalise ce moment avec notre stabilisateur. Après avoir goûté par 2 fois la température avec mes jambes, je me vois franchement hésiter à tremper une plus ample partie de mon corps. Mais je me dis, merde, on n'est ici qu’une fois dans sa vie, et ressorti de l’eau, ça me fera du bien. Je file donc dans l’eau sans trop réfléchir. Ca glisse et c’est peu profond, la douleur a le temps de bien saisir mes gambettes. Mais une fois que je plonge le corps, j’ai la sensation que c’est moins froid que je le pensais. Ce n’est de loin pas chaud mais c’est supportable (quelques secondes). Fait bon rejoindre la berge tout de même. Cette expérience étant tellement top, je réédite « l’exploit » et vais replonger un coup. Ahhhhh! Ca réveille ça. Mais bon, perdu au beau milieu d’un pays inconnu, dans un lac perché, avec un joli ciel bleu et des montagnes enneigées au loin, on se sent bien. Une bonne douche matinale !

Une fois habillé, je rejoins notre yourte et vais me préparer pour le déj, en compagnie de ma Tamouche réveillée. Cependant, à table, je ne touche à rien, l’appétit m’ayant abandonné. Tam goûte, elle, à son porridge local.

Vient ensuite le temps de ranger tout notre matos pour reprendre la route. Mais avant, on demande à Ynti de réaliser le cliché classique de nos voyages avec le drapeau du pays. Il souhaite ensuite profiter de cet emblème pour être photographié dans ce décor. Un Kirghize kirghizissime ! On salue cette bien belle famille et les Allemands et on reprend la route.

Après quelques minutes à longer le lac, on s’éloigne de lui, un peu amer de quitter un tel joyau. On remonte doucement la pente jusqu’à son sommet puis on profite d’une dernière vue sur l’étendue d’eau. On se couche pendant qu’Ynti essaye de contacter le chauffeur de taxi qui doit nous récupérer tout au fond de la vallée en contrebas. Déjà que le réseau n’est pas au top, une fois qu’il a du link, il se voit refuser son appel par manque d’argent. Tam lui prête donc son natel mais apparemment, on n’a plus de forfait non plus. Bizarre ! Pourtant, on a payé pour. Et qui revoilà ? L’insupportable Syrien ! On le laisse passer son chemin sans lui adresser la parole ! Mais décidément, on se sera croisés avec lui ! Après 15 minutes de pause, on enchaîne avec la longue descente vers Kyzart.