On descend de l’avion, passe la douane, sort de l’aéroport ; c’est tout bon, on peut effectivement voyager sans soucis en Albanie, ouiiiiiiiiiiiiiiiiii ! La première chose que l’on aperçoit en sortant du bâtiment nous rend hilares : une belle terrasse ouverte. Ah, ça va être bien ce voyage ! :-)

On attend que le minibus menant au centre-ville s’en aille en observant les gens retrouver leurs proches et se faire de gros câlins ou des embrassades avec les yeux. Quelques chips et un yogourt nous accompagnent.

Juste avant d’entrer dans le véhicule (qui part aux heures piles si jamais, il en va de même pour le retour depuis la place Skanderbeg), une jeune albanaise nous interpelle, curieuse de savoir pourquoi nous étions là. On lui explique toutes nos péripéties et elle se montre adorable en retour en nous complimentant sur notre couple. Hehe, tu crois quoi ? 17 ans bientôt qu’on est ensemble ! Tout le long du trajet, on récupère un maximum d’informations sur la capitale, sur le pays, sur les habitudes des locaux. On a droit à quelques mises en garde vis-à-vis de la conduite mais rien de bien effrayant. L’avenir nous dira bien ce qu’il en sera. Mais toujours est-il qu’elle nous recommande vivement de ne pas rouler dans la capitale et on comprend vite pourquoi. C’est l’anarchie par ici sur les routes, ça n’avance pas tant tout le monde veut passer avant les autres. Les signaux ne sont pas toujours respectés… Ca annonce la couleur… Avant de se quitter, on s’échange nos numéros respectifs. Qui sait, cela pourrait s’avérer utile. Elle se montre en tout cas disponible pour toute aide et se propose même pour jouer la guide dans une galerie d’art qui ne nous branche pas trop à dire vrai. Mais c’est gentil Erjola !

Il est samedi vers les 11h, on traverse la large place Skanderbeg, lieu de retrouvaille de tous les habitants, lieu également de vaccination intensive. De larges tentes accueillent sous leurs toiles des personnes âgées en grand nombre. Ils semblent au même niveau qu’en Suisse. Les gens ne portent majoritairement pas le masque, du moins pas correctement. S’ils le portent, c’est habituellement avec le pif à l’air. Pas bien !

On arrive assez rapidement à l’hôtel. Il est bien caché entre des vieux immeubles mais il apporte grande satisfaction. On y dépose nos affaires puis on retourne vers les arrêts de bus derrière la place Skanderbeg. De là, on essaye de savoir quel bus mène à Bunk’Art 1. On peine un peu à se faire comprendre. On nous propose le taxi mais c’est exclu pour nous, on préfère peiner mais y aller à la mode locale. C’est donc après quelques balbutiements que Tam découvre que c’est la ligne « Porcelan » qui y mène. On saute dans le bus à son arrivée, sans trop savoir comment payer. En fait, c’est simple, il y a un contrôleur qui gère les tickets. Il doit être au taquet le pauvre… 40 leks l’aller (45 minutes de trajet environ), c’est vraiment que dalle. On avance, mais alors lentement. Quel boxon sur les routes de la capitale. C’est l’anarchie, tout le monde roule comme bon lui semble. Ca y va au forcing. Ma fois, on a le temps, c’est les vacances. :-)

On rejoint Bunk’Art 1 qui apparemment est bien plus intéressant que le 2. Il faut savoir que Enver Hoxha, le dictateur communiste de l’Albanie entre 1945 et 1985, était certain que son pays risquait l’invasion et les bombardements d’opposants. Pour protéger sa population, il a fait construire des milliers de bunkers à travers tout le pays, un tous les 11 habitants. Il y en a plus de 170'000, autant vous dire qu’on en croisera de nombreux sur notre route. Ils n’auront jamais été utilisés comme protection, auront même ruiné le pays et entretenu une politique de terreur au sein de l’Etat. Celui que l’on visite en ce jour a été transformé en musée et est le plus grand du pays (prévu pour le dictateur). Sa visite est très intéressante, on circule dans des longs couloirs froids ponctués d’une multitude de salles aux utilités diverses à l’époque. On y trouve pour l’essentiel aujourd’hui des reliques expliquant et illustrant l’évolution de l’Albanie et d’Enver Hoxha depuis le début de la 2ème Guerre mondial. Ce n’est pas toujours très intéressant mais il y a des salles assez funs comme son appartement de repli en cas d’attaque, des reconstitutions de barrières à barbelés avec alarme ou une autre où l’on peut profiter d’une simulation d’attaque chimique au gaz. On recommande vivement la visite de ce lieu.

De retour à la lueur du jour, on se laisse tenter par le Dajti Ekspres. Ce sont des télécabines menant au mont Dajti (ça ne s’invente pas). La station de départ se trouve juste en dessus de Bunk’Art 1. L’aller-retour revient à 800 leks. C’est vraiment bon marché. Notre ascension est assez longue mais bien agréable. Ca ne grimpe pas tant au début. On surplombe les dernières maisons de la capitale avant de prendre de la hauteur. Arrivés à destination, on ne regrette vraiment pas notre visite. La vue est impressionnante. On voit jusqu’à la mer, même une bonne partie de la côte albanaise. On peut y faire du minigolf, de l’accrobranche, un tour en poney, du tir, y dormir ou y manger, il y a de quoi y passer une journée. On aura profité d’un premier repas local au bord de la falaise. C’était bon, animé, joli et surtout c’était sur place. Purée, ça faisait des mois qu’on ne mangeait plus au restau !

De retour au centre-ville, on récupère le drapeau à l’aigle bicéphale puis on se rend vers un quartier qui nous a plu depuis le bus, non loin de la place Skanderbeg. C’est en fait celui du marché Pazari i Ri qu’on souhaitait de toute façon visiter. II y a de la vie et de belles terrasses. On s’offre un mix-grill comme on aime tant en manger dans les Balkans. Mmmh, excellent ! Mais 20h approchant, les rues commencent à se vider. Pourquoi ? Un couvre-feu est imposé entre 20h et 6h dans tout le pays. Ma fois, ça peut être vu comme contraignant, mais c’est déjà tellement bien de pouvoir être ici et de manger normalement que l’on n’oserait en tout cas pas se plaindre. Et en plus, on s’est levé très tôt le matin alors ça passera de rejoindre nos couettes.

Le lendemain, on s’offre un petit-déj tranquille en terrasse avant de partir à la découverte d’un autre musée recommandé: the House of Leaves. On y trouve des éléments concernant la Sigurimi, autrement dit la police politique et agence de surveillance du peuple. On est choqué une nouvelle fois de découvrir à quel point les Albanais ont vécu le calvaire durant plus de 40 ans. La liberté n’existait que théoriquement… Y sont exposés un tas d’appareils d’enregistrement, perdant en taille à travers les décennies. On apprend aussi comment la Sigurimi installait des mouchards à gauche à droite. C’est dans ces locaux qu’on entend pour la seule fois du voyage du français. Voyager en ce moment est un luxe, on en a conscience. :-)

On poursuit du côté du splendide et récent centre commercial Toptani. Le bâtiment nous avait déjà fait de l’œil, il fallait qu’on aille voir ce qui s’y « cache ». Des marques internationales se mêlent à certaines plus locales. Le hall principal a de quoi séduire. Les étages se multiplient. On continue curieusement du côté de Kalaja e Tiranës, une voie parcourant les restes d’un château byzantin. Les restaurants et boutiques qu’on y trouve donnent juste envie de s’arrêter. Mais on continue vers la pyramide de Tirana, construite par la fille d’Enver Hoxha pour le commémorer. C’est vite parti à l’abandon une fois que le régime communiste a « fini aux oubliettes ». Jamais détruite, des projets devraient l’embellir pour la transformer en un haut lieu culturel de la ville. En tout cas, il nous était impossible de l’approcher.

Avant de vaguer dans le quartier trendy de Blloku, on est allé se poser au bout du boulevard Dëshmorët e Kombit, à quelques encablures du flambant neuf stade d’Albanie. On y déguste les restes du mix grill du soir précédent (il y avait une de ces quantités…) tout en observant les bolosses locaux faire vrombir leurs « carrosses ». On s’est ensuite promené dans le grand parc de la ville. On y croise de nombreux cyclistes, marcheurs, sportifs en tout genre, pique-niqueurs et même musiciens. Mais alors eux, on s’en serait volontiers passé. Oh mon Dieu, le premier qu’on a croisé devait jouer de la guitare comme moi (pas tant bien quoi haha) et le deuxième nous proposait une version personnelle d’un hymne hard-rock peu envoutante. II n’avait aucun coffre, une voix grinçante et chantait sur les paroles de l’auteur originel. Bref, c’était catastrophique ! Haha !

Le quartier de Blloku n’est pas énorme, mais non plus pas minuscule. On a eu de la peine à savoir où se trouvait la rue principale (Sami Frashëri) mais on a fini par la débusquer. On y croise davantage de commerces et également quelques peintures murales vouées à égayer la cité après le gris communiste. On s’est laissé tenter par un verre au charmant Kalaja e Tiranës le temps d’attendre 18h.

C’est à cette heure là qu’on retrouve Erjola sous la statue de Skanderbeg (ancien seigneur albanais ayant opposé résistance face à l’ogre ottoman). On avait prévu de passer la soirée ensemble. C’est à la très bonne pastaria de Blloku qu’on profite d’une soirée riche en saveurs, mais également en découvertes et partage. Cette jeune étudiante en droit nous témoigne de sa curiosité mais également de son intelligence culturelle. On fait le tour de l’Albanie, elle nous délivre quelques anecdotes, on parle aussi de nos parcours personnels. Elle est touchante cette fille. Elle nous présente encore l’ancienne maison d’Enver Hoxha. On boit ses paroles, on rit, on vit. On ne désire pas vraiment la quitter. Elle non plus d’ailleurs. On l’accompagne donc jusqu’à chez elle, à 10 minutes de notre hôtel. On arrive à 21h à la maison, avec une heure de retard sur le couvre-feu. Il n’y avait plus grand monde dans les rues mais on a eu aucun problème.

Le lendemain, on prend notre temps pour nous lever, peut-être même un peu trop. On voulait être à 8h pour embarquer dans la navette pour l’aéroport. On a dû finalement piquer un bon sprint pour ne pas louper l’unique transport en commun y menant. C’était moins une. A destination, on a récupéré notre véhicule, on s’est vu confirmer la conduite rocambolesque des Albanais puis on s’est offert un petit-déj.

C’est parti, la route, on la reprend. On y croyait presque plus…