On a plusieurs options pour se rendre au Landmannalaugar mais on sait bien quelle chemin on veut emprunter. Les internautes sont unanimes, la route F225 est parmi les plus belles du pays. Après une vingtaine de minutes sur la route bumpy 26, on bifurque à gauche pour rejoindre la fameuse F225. L'excitation est là, on a le volcan Hekla en point de mire, le soleil est avec nous, les montagnes se montreront à nous sous leur plus beau jour. Mais avant, je lis quelque panneau d'informations sur la route et la région présent au carrefour. Ils indiquent bien que la route n'est pas permise au non 4*4. En fait, il nous semble qu'ils interdisent les voitures basiques lorsqu'il faut traverser un gué mais sinon non, même si la route est des plus difficiles (attention aux suspensions). Soit dit en passant, ça n'arrête pas plus que ça les gens à emprunter ces routes. On repère certains "tricheurs" sur la route. On comprend leur envie, c'est juste trop beau mais attention vous risquez une belle prune si on vous dénonce!

Tam est tendue depuis quelques minutes! Elle sait qu'elle recevra ses résultats pour le MKSAP tout bientôt via sa sœur qui va vérifier notre boîte aux lettres. Je ne l'entend plus trop et on peut le comprendre, elle s'est énormément investie pour ce projet, 6 mois durant elle s'est plongée dans ses bouquins aussi gros que des bottins téléphoniques alors ça ferait mal de rater. Je suis ultra confiant, je connais ses capacités, elle est capable de tout. Elle est assez confiante aussi mais très stressée malgré tout. Et le couperet tombe quand je lis les panneaux. J'entends un cri strident venant de derrière! Je comprends tout de suite ce que cela signifie. Je cours vers Tam (elle danse comme une folle) et la prends dans mes bras! Encore une fois, elle a déchiré la baraque, j'ai de quoi être fier.

C'est donc tout heureux qu'on entame la F225, les yeux grands ouverts. D'entrée de jeu, on se dit que la route est facile, il n'y a pas trop de nid de poules. Mais ça se dégrade un peu plus tard. On se retrouve dans de multiples décors, des déserts de cendre, entourés de montagnes parfois rouges, parfois vertes, parfois bicolores, des prairies déchirées par des rivières où paissent en paix des moutons. On pourrait s'arrêter toutes les 5 minutes à prendre des photos tant le paysage qui défile devant nous est hors du commun et changeant. Quel veine on a d'être là. Bon, on s'est donné les moyens, ne l'oublions pas.

Enfin arrive le moment de traverser un gué. C'est parfois des rivières, parfois de fins ruisseaux. Je suis tout excité, je voulais absolument vivre cette expérience ultime de liberté. On analyse donc la rivière, sans besoin de tester à pied. Elle parait plutôt facile et l'est. Pendant que l'on voit des voitures revenir sur leurs pas, on traverse la rivière sans réelles difficultés, à une très faible vitesse (il est recommandé d'y aller à environ 10 km en enclenchant le système 4*4). Quelle chouette sensation, inédite! On devrait être coincé normalement en ce point, mais non, notre voiture est plus forte que la nature, yaaaaaaaaa (bon calmons nous, au final c'est toujours la nature qui gagne si on la jauge mal).

Non loin du camping du Landmannalaugar, on s'arrête pour admirer un lac. Et là, on découvre une fuite au niveau du pneu de secours à l'arrière! Bizarre! Qu'est-ce que cela peut bien être? Inquiets, on touche et on sent (Tam finit même par goûter...). Ce n'est ni huile ni essence, ouf! On comprend finalement que c'est le liquide lave-glace. Avec tous ces chocs, il y a du y avoir une pièce qui a sauté. Ce n'est rien de bien grave, mais ça risque d'être chiant plus tard si on perd tout notre stock, on devra laver à la main!

On arrive finalement au site du Landmannalaugar. Sur internet, j'ai toujours vu qu'il fallait traverser 2 gros gués au final pour atteindre le camping. Désormais, il n'y en a plus qu'un (toujours gros certes) et il n'y en aura peut-être bientôt plus à en voir les travaux! On quitte le véhicule avec ma tenue de bains. Il y a moyen de profiter de source chaude par ici, je ne veux pas manquer l'occasion de faire trempette. Par contre, Tam n'est pas très motivée par toutes difficultés qui en découlent et reste en dehors de l'eau. Arrivés vers la rivière accueillante, on tombe sur nos 2 Italiens croisés à Hveragerði. Je profite de faire la causette en leur compagnie dans l'eau. Quelle classe quand même de pouvoir se baigner dans une rivière chaude! Il nous raconte avoir eu des problèmes avec leur véhicule. Ils doivent payer 1000 CHF pour réparer le capot, apparemment bouffé par des chevaux! Sale coup!

Sorti de l'eau, je vais me rhabiller à l'auto mais tête en l'air comme je suis, j'ai oublié ma gore-tex à la source donc on y retourne puis on va grimper dans le champs de lave. On observe les alentours. Les montagnes ont des teintes rouges extraordinaires. On est au beau milieu d'un trésor de la nature. Hélas, le temps s'est couvert donc les photos ne cartonnent pas. Cela n'a pas empêché une fine équipe de photographes de kiffer ce qu'ils voyaient. Ils avaient des objectifs à n'en plus finir, tous plus grands les uns que les autres. Ils étaient impressionnants par leur savoir, beaux à voir dans leur élément. Je me suis pas fait prier pour à mon tour les prendre en photo!

Redoutant la durée de la route F208 sud, on repart assez vite sans avoir trop marché dans la région. On a peut-être fait faux à ce niveau là. Mais il y a tant à voir en Islande, en 2 semaines, il faut faire des choix, pas tous évidents. Réputée tout autant belle que la F225, la F208 sud nous transporte dans des paysages somptueux. Elle est par contre plus harassante que la précédente. Il nous faut prêt de 4 heures pour rejoindre la route 1. Il y a de nombreux gués à passer, la plupart très faciles. Cependant, il y en a 2-3 où l'attention doit être à son maximum. On croise des gens traversant en minivan, dont une Argovienne! Ils sont fous, ils doivent prendre l'eau! Ah, l'appel de la nature est si grand... On devient expérimenté en la matière et on passe la plupart du temps dans une très faible profondeur, même là où certains "s'enlissent"! Face au dernier gué, le plus long et le plus difficilement par conséquent à apprivoiser, on voit une voiture qui souhaite traverser mais dont le conducteur n'a pas ma confiance. Il attend que je traverse mais le problème c'est que si on s'est arrêté, c'est pour prendre des photos donc on fait un moment. Il part, revient, hésite, puis finalement repart. Haha! Il n'était finalement pas compliqué ce gué, il suffit juste d'aller à peu près toujours là où il y a des clapotis. Ca signifie que c'est peu profond.

Voilà, notre premier voyage dans les Hautes Terres se terminent. C'était super, tant le Landmannalaugar que l'expédition. C'est d'ailleurs souvent le voyage en lui même le highlight en Islande.