Notre bus nous lâche du côté d’Astoria. On marche une quinzaine de minutes pour rejoindre notre appartement. C’est petite balade initiatique nous met l’eau à la bouche. C’est vivant, le cœur se met à battre, on souhaite s’arrêter de multiples fois pour prendre un verre. Ca s’annonce bien. :-)

On règle le montant de l’appart auprès de notre correspondant de Happy Home (c’est une collection de logements proposés aux voyageurs au centre de Budapest que l’on recommande particulièrement), on se tente quelques balles au flipper (sisi, il y en a un dans l’appart, tellement cool) puis on sort nos fesses pour satisfaire nos bidons. On repère rapidement une rue piétonne à 2 pas de chez nous, décorée par de multiples lampions. C’est tellement chaleureux. On est vraiment directement aux anges. On s’offre un premier repas chez Menza. On y mange de la nourriture classique, aux fortes teintes hongroises tout de même. On s’amuse à observer un « couple » en pleine session drague. Il est 23h, il fait toujours bon en terrasse, ça change de la Suisse où la roille ne cesse de tomber. Mais on se rentre assez vite, un voyage, ça tasse bien quand même.

Le lendemain, on fait face à la pluie. On savait que c’était LE jour pourri du séjour alors on a réfléchi un programme adapté. On marche quelques minutes à la recherche d’un joli café. On fait la fine bouche car on sait désormais qu’il y a de vraies belles adresses dans la capitale. On arrive face à notre premier objectif du jour sans avoir détecté un beau coin pour réveiller ma Tamouche. Elle me dit alors qu’on peut rentrer dans un bistrot face à nous. OK ! Et v’là qu’on pénètre dans un repère d’étudiants tout mignon, alternatifs avec cuisine ouverte. Mais c’est génial, bien joué Cartouche !

On poursuit la journée du côté du musée de la Terreur. Évidemment, nous ne sommes pas les seuls à avoir eu l’idée d’y venir en ce jour pluvieux. On s’offre un casque d’audio-guide pour profiter au mieux de la visite. On y apprend des choses qu’on redoutait. Ma collègue Anna, née en Hongrie, m’avait déjà raconté les affres qu’a parcouru la Hongrie entre 1945 et 1991 mais il m’était impossible d’imaginer tant de misère. Ce qu’a vécu le peuple magyar a de quoi porter la larme à l’œil. Déchirée par les Guerres mondiales, éclatée en divers territoires, malmenée par les nazis, la Hongrie a vu l’Armée rouge l’envahir pour imposer un nouveau régime totalitaire. Alors que les communistes ne sont pas légion et ne parviennent pas à gagner le pouvoir de manière démocratique, ils mènent des coups d’état qui vont envoyer le pays dans une période de grand trouble. Des milliers de déportés, des exécutions à la pelle, de l’espionnage à grande échelle, de l’esclavage des paysans, tout ceci a marqué la 2ème partie du 20ème siècle hongrois. Le comble du malheur, ce sont les libérés des camps de concentration allemand qui l’ont vécu. Ils sont nombreux à avoir été dirigés directement aux goulags. Il n’est pas étonnant d’apprendre qu’une grande partie d’entre eux se sont suicidés. On peut visiter aussi les différentes geôles que comprenait le bâtiment. On accède aussi aux salles de torture. Comment l’être humain peut être aussi mauvais, aussi lâche, aussi inhumain j’ai envie de dire car le prof que je suis peut vous l’assurer, de tels instincts ne sont pas naturels !

On poursuit notre journée pluvieuse du côté des bains de Széchenyi (Budapest étant la capitale des thermes, on ne pouvait pas ne pas se baigner!), mais avant on avale quelques parts de pizza dans le parc juste devant ceux-ci. Populaire, touristique, Széchenyi offre des piscines dans des lieux hors du commun. Le bâtiment qui les abrite est de style néo-gothique. On a un peu l’impression de se baigner chez les empereurs de l’époque. On s’y prélasse bien 3 heures, jusqu’à ce qu’on nous vire en fait haha.

On poursuit notre route du côté de Gozsdu Udvar. C’est une longue allée pleine de bars et restaus. On y boit un verre puis on trace sur la rue qu’on nommera durant notre voyage « la rue de Karavan ». C’est une des rues festives où l’on trouve entre autres également Szimpla, le bar le plus populaire de la ville. Mais en quittant Gozsdu Udvar, on voulait récupérer des boissons à l’emporter pour nous balader. Du coup, on a demandé à plusieurs endroits si c’était possible d’être servi ainsi, sans succès. C’est alors qu’on arrive devant le zinc d’un autre bar et qu’on réitère notre demande, ce qui laisse quelque peu coi la serveuse puis un de ses collègues. C’est alors que débarque un grand type avec une balle de rugby dégonflée, souriant et chaleureux au possible. Il nous demande ce qu’on veut, ce qu’on lui explique. Il indique ensuite à la serveuse « allez, offre leur 4 bières ». Haha, sans discussion, il était simplement content de nous faire cette fleur. « Hey mec, tu as fait notre soirée » ! Ce n’est pas grand-chose, mais la façon dont il est intervenu nous a juste trop plu et apparemment, c’était notre chance car les serveurs étaient surpris. Ca a eu le mérite de bien nous lancer en tout cas. Tam m’a ainsi étonné en buvant plus d’une bouteille. Elle qui déteste la bière, elle a su honorer le don.

Après une balade curieuse, on se retrouve devant Karavan, ce lieu dont on vous parlait avant. Il s’agit d’une cour longiligne avec divers stands de bouffe et de boissons. On peut s’y poser pour faire l’apéro, les yeux dans les étoiles. Par de belles journées d’été, c’est un luxe. Surtout après 1 an et demi de régime Covid! On y mange un sandwich au porc effiloché qui ravit particulièrement Tam. On rejoint ensuite les jardins de Köleves Kert, un autre bar à ciel ouvert (on aura adoré ces lieux de fête à Budapest, il y en a d’ailleurs un certain nombre). J’y renverse le blanc à peine ramené à Tam en le posant comme un beujon sur la table. Ah, l’alcoolémie attise la maladresse disons haha! Bah je suis bon à refaire la queue. De nombreux schlucks d’eau seront engloutis avant le dodo ! ;-)

Le lendemain, on souhaite aller manger dans une cour accueillant un restau mexicain mais elle est malheureusement fermée. C’est donc un pour un phở qu’on craquera. On y retrouve les émotions du voyage. Le restaurant est agencé exactement comme en Asie du sud-est. Tellement bien! Ca n’a rien de fou, c’est juste semblable à ce qu’on trouve là-bas, ça suffit à nous rendre heureux. :-) On poursuit notre balade vers la très belle basilique Saint-Etienne. Si elle a de quoi intimider depuis l’extérieur, que dire de son intérieur!? Elle semble avoir été restaurée il y a peu. Les dorures et plaques de marbre ne témoignent pas les souffrances du temps. C’est absolument splendide. En direction du parlement, on tombe sur une fontaine particulièrement étonnante. Alors que je souhaite nettoyer mes mains dans ses jets qui jaillissent du sol, ceux-ci s’arrêtent face à mon approche. Je peux donc gagner le centre qui me paraissait fermé de celle-ci. Je me vois rapidement rejoint par d’autres touristes. C’est fun. On boit une p’tite limonade posés sur des transats dans le parc juste derrière, à quelques mètres de Ronald Reagan. Bon, ce n’est que sa statue. Ca vaut mieux d’ailleurs, on aurait plutôt fui sinon. Haha !

On fait le tour du massif parlement par la suite. Bâti à la fin du 19ème siècle, celui-ci est le plus grand bâtiment de Hongrie. On ne peut pas le manquer, lui qui trône majestueusement le long du Danube. Au bord du fleuve, non loin de là, on peut voir des sculptures insolites de chaussures. Elles font figure de mémorial pour les nombreuses victimes de la Shoah à Budapest, fusillées par le Parti des Croix fléchées (mouvement politique fasciste pro-allemand de 1935 à 1945). C’est saisissant. On peine à imaginer les atrocités qui ont eu lieu par ici.

On poursuit en direction d’un bar qu’on nous a conseillé à diverses reprises, le Pontoon. Situé au bord du Danube, près du pont des Chaînes, ce dernier s’est caché à nous. C’est que le plus célèbre pont traversant le long fleuve est en travaux. On ne peut accéder à ses alentours. Tant pis, Tam a enregistré une adresse sur Maps.me, on va aller voir ce qu’elle vaut. On rejoint la touristique rue Váci pour s’y rendre. Autant vous dire qu’on la quitte rapidement, elle regroupe tout ce qui n’est pas charmant à Budapest. Au coin du parc Károlyi-kert, Csendes Létterem nous accueille sous ses arbres. Le murmure du vent dans les branches est apaisant. Qu’il fait bon, une bière à la main, discuter de notre expédition hongroise!

Vient ensuite une des plus originales expériences que vous pouvez vivre à Budapest. Si vous passez par là, vous ne devez pas manquer Sir Lancelot. Ce restau m’avait déjà ouvert ses portes il y a près de 10 ans lors d’un trip avec des potes d’étude et je voulais absolument y retourner avec Tam. L’ambiance y est médiévale (évidemment on a envie de dire), on y boit dans des chopes moyenâgeuses, on mange à n’en plus finir de l’incroyable bidoche (et aussi des légumes mais ça c’est moins sexy haha) avec les mains, on profite d’un spectacle de danse orientale et de cracheur de feu (pas si dingue ces shows mais ils apportent un plus à la soirée), ouais c’est vraiment une immersion dans les temps anciens. D’ailleurs, on vous conseille de commander des plats à partager si vous vous y rendez. Vous profiterez ainsi de diverses pièces de bidoche.

On poursuit notre soirée par une balade digestive fort utile. Après une trentaine de minutes, on fait la queue pour découvrir ce qui se cache derrière ce nom de Szimpla. On patiente un quart d’heure en écoutant discrètement des jeunes français en raconter de bien belles. Ca nous aura occupé haha! En tout cas, on aura fait moins longtemps dans le bar que dans la file. C’est un ensemble de salles au goût alternatif. On peut y siroter un cocktail dans des baignoires ou dans une voiture par exemple! On préfère largement trainer à Karavan juste à-côté.

Le lendemain, on marche un max. On se dirige tout d’abord vers les halles centrales de Budapest, un marché fermé où l’on trouve un peu de tout, que ce soit culinaire ou textile. C’est d’ailleurs là que l’on trouve enfin un drapeau hongrois correspondant à nos critères. On souhaitait ne pas l’avoir avec le blason national, qu’il mesure 150 cm de long et qu’il ne coûte pas trop cher non plus. Si on précise ce dernier critère, c’est parce qu’on l’a difficilement débusqué à la taille voulue et lorsque on le repérait, il était vendu pas loin de 35 CHF! Non mais ça va les gars!?! On s’est refusé à se faire pareillement arnaquer. Il faut préciser qu’on le trouve majoritairement à Váci Utca mais cette rue est à éviter tant les touristes y sont des proies.

Peu satisfaits par ce que propose gastronomiquement parlant le marché, on traverse le pont de la Liberté pour visiter Buda. Il faut savoir qu’historiquement, Budapest est le fruit de la fusion de 3 villes, Buda, Óbuda (rive gauche du Danube) et Pest (rive droite de Budapest). On arrive face aux célèbres thermes de Gellért. Mais pas de bains aujourd’hui, il fait bien trop chaud (30°). On cherche s’il y a de quoi prendre un truc intéressant sur le pouce avant de monter au sommet du mont Gellért où se déploie la statue de la Liberté. Sisi, on la trouve aussi ici mais elle n’est pas l’identique de celle de New-York. Elle a été érigée en 1947 pour marquer la libération de Budapest en 1945 par les forces soviétiques. Mouais, le terme « libération » n’est pas vraiment approprié… Quoiqu’il en soit, on peut profiter de bien jolis points de vue sur la ville lors de l’ascension.

On poursuit notre chemin jusque vers le palais de Budavár qu’on peine à approcher tant il est entouré de travaux. Affamé, Tam plutôt gourmande, on s’arrête dans un petit bistrot afin de savourer un trop bon panini au saucisson hongrois et une glace (pour Tam évidemment haha), le tout en se rafraichissant avec une limonade. Cette boisson est une des spécialités de la ville et elle est fréquemment composé de quartiers de citron et d’orange. Bah, j’ai fini par demander qu’on ne me mette plus du dernier fruit, ça gâche un peu le goût hehe!

Non loin de là, on profite d’un panorama large sur la capitale. Le bastion des pêcheurs est une construction néo-romane qui remplace les anciens murs du palais de Budavár. La très belle église Notre-Dame-de-l'Assomption s’élance vers le ciel à ses côtés. Ce quartier diffère beaucoup du reste de Budapest. On est en fait dans une vieille ville comme on en connait tous beaucoup mais dont on ne se lasse jamais de visiter.

On rejoint les quais du Danube pour faire les shootings habituels avec le drapeau hongrois et Javier Zanetti. C’est d’ici que le Parlement est le plus impressionnant. Puis on prend le métro, on rentre se doucher et faire l’apéro devant une émission d’architecture sur Netflix (on profite de l’accès gratuit de l’appart). Je garde la surprise de Mazel Tov jusqu’au dernier moment. C’est une adresse parfaitement calibrée pour Tam, elle qui adore la nourriture libano-israélienne. Quand j’avais vu à quoi ressemble la salle du restau, j’étais certain que ça lui plairait. Et bien ça a marché, elle a adoré, tout comme moi. C’est peut-être le plus beau restaurant où l’on ait mangé. En plus, on a eu la chance de savourer nos incroyables houmous et soupes yéménites accompagnés d’un trio de jazz. C’était juste parfait.

C’est triste qu’on prépare nos affaires le lendemain. On a vraiment passé du bon temps du côté de Budapest. Le dernier repas ne fera que confirmer que c’est une de nos 3 villes européennes préférées (entre Ljubljana et Varsovie). Une excellente pizza italienne délicatement préparée par un ressortissant de la botte, mmmh ça passe. On a aussi blagué un coup avec lui en italien. Mais le temps avance et il nous faut aller prendre le bus pour l’aéroport. Ciao Budapest, on t’a adoré.