Ce village touristique, on le découvre tout d'abord de loin. En effet, il est visible depuis Shen'ao. On nous recommande de ne pas y aller car il serait trop noir de monde. Ca ne nous dissuade pas et on s'y rend malgré tout. On longe la côte jusqu'à un point connu pour ses eaux colorées. En raison d'eaux acides provenant des hautes montagnes environnantes, la mer dévoile un "nuage" jaune à la hauteur de la baie de Yin Yang. De là, on peut apercevoir d'imposantes ruines d'une ancienne raffinerie en surplomb. Pour notre part, la nuit approchant, nous ne distinguons pas la coloration marine mais on parvient à profiter in extremis des chutes dorées, plus connues sous leur nom anglais, les Golden Waterfalls. Elles se découpent en diverses cascades ayant rongé le sol par la puissance de leur acidité. Ce sont ces eaux qui colorent la mer en contrebas. Ces chutes valent le détour, le brun rougeâtre de la roche contrastant merveilleusement avec l'intense vert de la nature taïwanaise. Un lieu pour lequel on se rappellera du drone et plus particulièrement de son atterrissage. Tam a voulu le réceptionner dans la main mais on ne sait pas pourquoi, les hélices ne se sont pas stoppées comme à leur habitude. Et je ne sais pas ce qui a pris à Tam mais elle a voulu éteindre l'appareil en cliquant sur le bouton du dessus tout en passant sa main dans les hélices. Vous n'imaginez pas ma panique quand je la vois agir. Je m'imagine déjà ramasser un doigt par terre! Fort heureusement, les hélices sont trop petites et en plastique du coup sa belle main reste au complet, si ce n'est quelques bouts de peau. Elle se met à bien saigner suite à cela et je dois avouer que je suis paniqué pour la soigner. Ca me fait tellement mal de la voir souffrir que ça me tétanise. Son doigt commence à doubler de volume mais au final, ce ne sera pas grave du tout. Plus de peur que de mal. Mais qu'est-ce qui lui a pris? C'est normalement moi qui pourrait faire une telle connerie!

On rejoint Jiufen dans le noir le plus obscur. On peine à parquer car ce village est situé à flanc de montagne. Quelques habitants nous proposent leur place de parc à des prix dépassant bien les normes locales. On ne se laisse pas avoir et on continue jusqu'à un parking officiel. Ca ne coûte apparemment pas plus de 100 TWD selon les dires d'une femme, mais apparemment elle a voulu dire qu'on ne pouvait que mettre des billets de 100 dans la machine. Bref, on verra le lendemain que ça coutait 200 TWD la nuit. Toujours mieux que dans les parkings privés...

On emprunte la rue juste en dessous de la populaire "Old Street" pour trouver notre guesthouse. On tombe de suite sous le charme, c'est cosy, l'écart entre les maisons est réduit, ça donne envie de se perdre. Cependant, c'est galère pour trouver notre lieu de séjour alors on demande de l'aide dans un bar proche du point GPS. De suite, le barman nous guide jusqu'à l'entrée de notre quête. Super gentil le monsieur! Et super gentille notre hôtesse! Elle nous upgrade dans la chambre en attique, moins bruyante que celle du rez-de chaussée. On accepte volontiers et sans regret, oh ça non! On y trouve la chambre la plus charmante du voyage. Un matelas au sol en guise de couchage, une zone surélevée pour s'agenouiller et s'attabler offrant une vue imprenable sur l'océan, une déco bien choisie et typique, des post-it dévoilant les témoignages d'anciens clients, un style ancien. On adore! Mais on a faim alors on file manger.

C'est ici qu'on découvre le rythme de vie des Taïwanais. Il est assez surprenant. Ils soupent dès 16h, et après 18h ils commencent à fermer boutique. Alors notre visite de la rue principale du village est très calme, hors de la frénésie certaine de la journée. Il est 19h, quelle galère pour trouver de quoi grailler. Il ne reste que quelques bouis-bouis, jusqu'à ce que l'on tombe sur un très bel intérieur où l'on remarque qu'ils préparent des sushis. Les prix n'y sont pas les plus bas mais peu importe, c'est les vacances alors on se fait plaisir. Et qu'est-ce qu'on a bien fait. Leur poisson était une tuerie! J'en salive encore en y repensant! :-) Et que dire des baos?!... Finalement, ça aura été une bonne chose que tout soit fermé car comme ça, on a été dirigé aisément vers ce bien bon restaurant, situé selon nos souvenirs en face de la Old Tea House du village.

On poursuit notre balade le long d'une "Old Street" désertée mais dévoilant ses belles parures nocturnes avec ses centaines de lanternes typiques. C'est d'un charmant! On finit la rue et Tam craque pour des biscuits qui avaient marqué son enfance (elle a vécu au Japon de 2 à 4 ans), à savoir des pockys aux fraises, le pendant asiatique des mikados. On cherche ensuite l'emplacement de LA photo Google de Jiufen. On peine à mettre la main dessus mais quand on arrive au lieu-dit, c'est une évidence. L'endroit est magique avec ses terrasses se succédant et ses belles lanternes rouges. On termine notre visite en nous enfilant dans une interstice digne d'une grotte dès son entrée. Ca se trouve non loin du point Google. C'est très bizarre car il faut passer à travers des passages qui deviennent très étroits par endroits, où il faut bien se baisser. On a l'impression que cela mène chez des gens mais ce lieu n'est pas fermé donc aventurez-vous-y, c'est amusant. :-)

Après une bonne nuit de sommeil sur un matelas, il faut bien avouer, dur comme un roc, on reprend notre visite stoppée le soir précédent. On veut voir à quoi ressemble la vieille rue quand il fait jour. On profite de l'ouverture de presque toutes les échoppes, c'est plein de vie, on est vraiment agréablement surpris, d'autant plus qu'il y a du monde mais pas non plus de quoi ne plus pouvoir se déplacer, c'est très agréable.

Juste avant de quitter Jiufen, on aperçoit une des spécialités peu ragoutantes de Taïwan, le tofu puant. Philippe Gougler (Des trains pas comme les autres) en avait dégusté lors de son passage sur l'île et n'avait pu cacher son dégoût. A notre tour, on souhaite se faire une idée de cette curieuse recette. Certains de ces tofus se repèrent de loin à la ronde par leur âpre odeur mais celui qu'on sélectionne n'est pas des plus violents. Bon, le tofu classique, ce n'est déjà pas top (c'est une opinion que Tam ne partage pas) alors comment voulez-vous que du puant le soit? Haha! On n'en prendra qu'une bouchée chacun puis basta. On ne se lèche pas les babines disons...