Tôt le matin on atterrit au Kirghizistan. On est bien décalés. Ce n'est jamais facile ces vols de nuit! L'air chaud sans excès flatte nos visages. On réapprend rapidement à déchiffrer le cyrillique. On aura l'impression d'être des inspecteurs durant ce voyage, à sans cesse chercher à lire et comprendre ces mots dignes parfois de vrais hiéroglyphes.

Sur le tarmac, on a l'occasion de voir que la compagnie russe Aeroflot ne déroge pas à sa réputation. L'avion est évacué par de multiples techniciens en habits fluorescents; dieu sait le problème! On observe des mots en anglais à l'aéroport. Autant vous dire tout de suite que ce sera les derniers du voyage (si ce n'est dans les menus parfois). On passe la douane assez facilement mais les bagages eux se font attendre. On finit par les apercevoir près de 30 minutes après avoir rejoint la zone dédiée à cet effet.

Une fois le poids sur nos dos, on rejoint notre chauffeur de taxi qui va nous offrir notre premier coup d’œil du pays. Premier sentiment que l'on partage avec Tam: la ville est en plutôt bon état et regorge de verdure. Ca nous donne envie d'en voir plus. Notre chauffeur accepte de nous déposer auprès d'un échangeur de monnaies afin que l'on se débarrasse de nos US dollars au profit des soms kirghizes. Une rangée de minis guichets se dévoile à nous. A l'aide de Monsieur, on cherche à entrer en contact avec l'un des commerçants mais on fait chou-blanc. Il est tôt ce dimanche matin. Malgré le fait que ces "réduits" soient censés être ouverts 24/24h, on peine à obtenir ce que nous souhaitons. Et finalement, alors qu'on s'apprête à abdiquer, l'un d'entre eux finit par ouvrir sa clapière et nous permet de charger nos poches de billets. Les soms, c'est 70 fois moins cher que les CHF!

On reprend la route et notre chauffeur nous lâche au pied d'un hôtel à l'aspect étonnamment luxueux. Tam, qui s'est occupée de booker la chambre pour notre séjour dans la capitale, ne cache pas son scepticisme quant à la justesse de la destination. La réceptionniste peine à trouver nos noms dans ses réservations, cela nous confirme bien le fait que l'on n'est pas au bon endroit. Notre hôtel a un nom similaire à celui-là, ce qui explique l'erreur. Pas grave, on remet les backpacks dans le coffre et on repart pour atteindre justement cette fois-ci notre lieu de vie. C'est apparemment le repère des motards, on se croirait en plein rallye Dakar! On échange 2-3 mots avec la réceptionniste qui nous offre le Graal, à savoir la clé de notre chambre! Un grand lit, Dieu que ça passe. Hop une douche et on récupère un peu d'énergie avant d'affronter la chaleur de Bichkek.

Crème solaire en surcouche, casquette sur la Kopf, on peut partir à la découverte de la ville. On a téléchargé une application fort utile en ce lieu, à savoir celle du Uber locale, Yandex Taxi. C'est ainsi que l'on traverse la ville avec un 4 roues afin d'éviter de trop souffrir de la fournaise. On arrive au Osh Bazaar assez rapidement. On a eu l'occasion de voir durant le trajet que le piéton n'est pas vraiment prioritaire sur la route. Même s'il traverse au vert sur des passages cloutés, il se fait presser par les automobilistes qui n'hésiteront pas à le klaxonner, voire presque à lui rouler dessus (d'ailleurs on aura eu peur de se faire écraser à diverses reprises lors de ce voyage!)

Le bazaar est un lieu réputé de la ville, où nombreux locaux viennent acheter tout et n'importe quoi. C'est une organisation particulière, très locale. Cela nous semble assez bordélique mais les locaux semblent s'y retrouver. Je dégaine rapidement l'appareil photo et ne regarde pas bien où je mets les pieds. Mauvaise idée! Les allées du marché sont piégeuses. Il y a pleins de trous, d'irrégularités dans le sol (comme d'ailleurs sur la majorité des "trottoirs" au Kirghizistan). Je me laisse surprendre par une marche bien plus haute que les précédentes et ne manque pas de m'effondrer en me tordant proprement la cheville. Rapidement, Tam et des locaux me relèvent. On remarque de suite la gentillesse des Kirghizes. Mais je suis très inquiet et Tam le remarque bien. Ma cheville me fait beaucoup souffrir. Je suis dépité, on est au Kirghizistan essentiellement pour marcher et ce n'est pas le bon plan de débuter son trip ainsi! Je continue en boitillant. On visite la suite du bazaar, surtout où l'on trouve des aliments. On observe des morceaux de viande de qualité encore correcte (on a vu bien pire dans les Balkans, en Asie du sud-est ou encore en Amérique du Sud), contrastant avec des morceaux peu alléchants: poumons, cœurs, intestins, estomacs,... De quoi avoir une petite crise d'appétit! Quelques minutes plus tard, deux marchandes nous recommandent de porter notre sac sur le ventre. Apparemment, ce n'est pas trop sécure comme endroit. OK, on met les conseils en application.

Sortis du bazaar, on trouve rapidement une pharmacie. Tam décide de me bander le pied afin de l'immobiliser autant que possible. C'est bien mais on achète une bande élastique qui ne fera que compresser mon membre et la douleur n'en sera que plus vive. C'est ainsi que j'abandonne cette protection et que je me satisfais des Dafalgan et Irfen. Ca permettra à mon pied de dégonfler et ça diminuera la douleur. Mon pied me gênera quelque peu durant tout le voyage mais la douleur cesse après 2 jours, ouf, j'ai eu peur d'être bloqué et de ne pouvoir marcher!

On ne sait pas trop quoi vraiment visiter à Bichkek. La ville ne recèle pas de haut-lieux touristiques spécifiquement. Il y a bien la place Ala Too mais ça fait peu. On décide donc de longer la rue principale (Chuy ulitsa). C'est plutôt agréable. On profite de l'ombre des nombreux arbres la bordant et de l'air s'y engouffrant. Beaucoup de magasins semblent fermés. Cela ne nous empêche pas de rentrer dans les supermarchés ouverts pour nous imprégner de leurs services. On aime toujours bien se faire une idée de l'organisation des commerces locaux. On en profite pour acheter une carte sim locale chez "O!" Pour un peu plus de 1 CHF, on accède à une connexion 4G limitée à 20 GB pour 2 semaines! Tellement ridicule ce prix. On achète même si on ne pense pas en avoir trop besoin. En continuant notre chemin, on atteint des bâtiments administratifs, des théâtres et autres musées. On finit dans le parc Panfilov, aux abords de la place Ala-Too. Ce lieu est singulier par le fait qu'il abrite un parc d'attractions où les Kirghizes aiment venir déambuler lors des chaudes journées d'été. Les manèges sont parfois vétustes et n'inspirent pas réellement confiance mais c'est construit à la sauce locale et ça semble fonctionner.

La faim commence à nous tenailler, Tam se met donc à la recherche d'un restaurant à proximité sur tripadvisor. Elle nous dégote un petit palais qui ravira nos papilles. Chez "Frunze"! On est accueillis comme des rois dans un décor enchanteur, de quoi s'offrir du luxe (pour pas un sou) avant d'affronter la réalité du pays. En terrasse, assis dans de confortables fauteuils d'époque, on se fait servir de magnifiques entrées. Mais une fois le plat principal servi, on comprend vite que la viande ne sera pas notre meilleure amie au Kirghizistan. Sans surprise, elle s'avère très grasse et surcuite, une nécessité au vu de la chaîne du froid non respectée. On apprend aussi que lorsqu'on commande un coca, on nous donne une bouteille de minimum 1 litre (pour même pas 1 CHF). Haha, ça a de quoi surprendre!

Une fois repus, on se dirige vers la place Ala-Too où les citadins apprécient de traîner en soirée. La température est enfin appréciable, les gens discutent, observent leurs enfants sur des "2 roues (vélos, trottinettes, overboards), trempent leurs pieds dans les fontaines... Puis on rentre à pied à l'hôtel pour reposer une nouvelle fois nos corps avant d'affronter les hautes altitudes du pays.

Mais, une fois arrivés à l'hôtel, malgré notre désir de repos, on craque en découvrant 3 minuscules chatons sur le pas de la porte. Ni une ni deux, on les prend dans nos bras, du moins les deux gris car le rouquin est on ne peut plus chiard! Ils finiront par dormir sur nous. On sera confortables! ;-)

Le lendemain, on s'enfile dans un taxi Yandex direction la station de bus du nord ouest d'où partent les marchroutkas (sortes de mini-vans) pour Karakol. On nous dépose et on remarque tout de suite des rabatteurs qui indiquent "Karakol", "Osh", "Alma Aty", "Cholpon Ata"... On ne se laisse pas déconcentrer et on se dirige vers les véhicules qui ressemblent à ce qu'on cherche. Rapidement, un type nous montre la marchroutka pour Karakol. On demande le prix, l'entremetteur nous montre "350 soms" au guichet et on lui donne 1000 soms afin qu'il s'occupe d'effectuer le paiement. En 10 secondes, c'est dans la poche et on monte dans le fourgon. Il ne traîne pas trop sur le parking, il est vite plein (les marchroutkas partent quand elles sont pleines). On se coince à l'arrière du véhicule, prêts à débuter la vraie aventure. Elle s'avère rapidement infernale de par sa température. On transpire comme des veaux jusqu'à ce qu'on parvienne à ouvrir une lucarne sur le toit du van. Ca secoue, la route n'est pas toute tendre, surtout proche de Bichkek. Ca dépasse de tous les côtés, c'est le chaos. Le Kazakhstan se dévoile à nous (on longe la frontière) mais il restera un rêve, on reviendra pour y fouler le sol.

Petits faits qui nous ont amusés, on voit fréquemment des écrits réalisés à l'aide de pierres dans les montagnes environnantes. Ils n'hésitent pas à faire de la pub ainsi et on peut apercevoir un immense drapeau kirghize sous cette forme non loin de Balyktchy.

Tu veux en savoir plus? Et bien lis l'article suivant! :-)