On est dans un endroit parfait. Le sourire ne peut pas vraiment quitter nos lèvres. Mais pourtant, on va se faire un peu mal. En effet, afin de profiter au mieux de notre nuit, on va se mouiller à la rivière. Vous l’imaginez bien, elle est très fraîche. Mais on l’imaginait pire encore. Qu’est-ce que ça fait du bien de se sentir propres. Ca vaut bien le coup de souffrir un coup.

On se pose contre l’une des yourtes en attendant le repas. Aïe, je me pose sur une sorte de chardons. Faut faire attention où poser ses fesses ici ! On observe des Hollandais profitant de l’agréable température de fin de journée pour pratiquer le frisbee. Puis évidemment, on prend des photos. L’endroit est calme, pur, ça respire la sérénité ! Vous souhaitez quitter vos tracas du boulot quotidien, venez dans ces montagnes, ça vous fera le plus grand bien !

Vient le souper. Cela se déroule plus ou moins toujours de la même manière. On ne mange pas en même temps que les locaux. On se regroupe avec les guides et les autres touristes (s’il y en a) autour d’une table basse richement achalandée de produits sucrés (voir article précédent). On a l’impression qu'ils sont là depuis un bon moment ! Peu de personnes semblent y toucher ! Tout le monde attend l’arrivée des bons plats chauds qui réchauffent bien les corps dans cette fraîcheur naissante. Au menu du soir, une salade (comme tout le temps, et elles sont toujours très bonnes et fraîches) et de l’oromo, sorte de roulé de légumes dans le la pâte (comme les spaghouzes, pas les empanadas). C’est excellent. On partage nos moments en blaguant avec les « oranges » mais pas avec le Syrien banquier habitant à Dubaï. On essaye de communiquer avec lui mais il est plutôt froid…

Il est 21h00, on va faire un brin de toilette au lavabo du camp (astuce avec une sorte de réceptacle relâchant de l’eau) puis on va aux WC pour éviter d’y retourner durant la nuit. Si on le pouvait, on éviterait même d’y aller en tout temps car c’est loin d’être sexy ! Le concept est toujours le même. C’est en fait une case en taule ou en bois à l’intérieur de laquelle se trouvent 3-4 planches avec un trou au milieu (et en dessous une profonde fosse pleine de … bon bah je ne vais pas vous faire une photo non plus… haha). Vaut mieux bien vérifier où mettre les pieds. En plus, dans ces toilettes-ci, les planches bringuebalent un peu ; pas de quoi mettre en confiance disons ! L’idée de tomber dans la fosse nous a traversé la tête, quelle horreur ! Autant mourir haha ! Bref, aucun accident à signaler ! M’enfin, quoique…

La nuit désormais en place, je profite de la beauté du ciel pour tenter une timelapse pour observer les étoiles, mais n’y parviens pas malheureusement. Je ne connais pas bien les réglages manuels, faudrait qu’on checke ça une fois… Tam, elle, profite de son matelas et des grosses couvertures pour reposer son petit corps, ma fois, mis à mal par cette journée. La marche était loin d’être de tout repos. Je lis un coup puis viens la rejoindre, elle, et le bizarre Syrien. On est les 3 dans la yourte. Aux premières lueurs, je me lève pour aller observer le lever de soleil. Notre original Arabe se lève aussi plusieurs fois pour aller au petit coin. Alors que je filme le paysage, j’entends un gros bruit au loin. Je le vois par terre, à côté des toilettes. Je vais donc l’aider à se relever. Le type est prêt à rester couché là, dans le froid et à 1 mètre de la collection d’étrons aux odeurs piquantes ! Un peu ailleurs, il m’avoue avoir bu le soir d’avant. OK, bien bien, bon faut quand même retourner au chaud dans la yourte coco ! Il finit par s’y rendre et je peux continuer d’observer le jour se lever. Petit à petit, les animaux et les Kirghizes se réveillent. Les animaux sont attachés la nuit, même les poules ! Le premier réveillé va chercher les chevaux ayant passé la nuit un peu plus haut. Leurs jambes avant sont attachées ensemble afin qu’ils ne fuient pas. Technique un peu brutale mais qui fonctionne ! Je l’observe dans ces gestes habituels : la beauté d’un autre monde ! Puis c’est au tour de madame de se remuer. Elle s’actionne directement en cuisine. Pendant ce temps-là, je parcours les pages de Sharko (Thilliez) puis finis par venir me reposer une heure afin d’être en forme pour la journée.

Bilan de notre première nuit dans une yourte : c’est une belle expérience. Les matelas sont quelque peu durs et Tam souffre de ses hanches de grand-mère haha ! Mais au moins, il fait assez chaud sous les couettes ; toutefois, il faut apporter des couches quand même car les nuits sont bien froides.

Après le déjeuner, on reprend la route en compagnie d’Ynti. Si c’est plutôt plat au début, ça ne va pas tarder à se corser. Une bonne montagne nous sépare du lac de Song Kul. On la gravit plutôt rapidement. Au lieu des 4 heures prévues de grimpette, on en fait que 2h30. C’est que notre guide nous « tire » bien ! Et les paysages sublimes aident à oublier nos pas lourds. Que dire de ces moutons par centaines que l’on aperçoit se déplacer dans un pan de montagnes abruptes ? Wouahou ! Seuls contre les chevaux (tout le monde est à cheval), on avance en évitant de glisser car le chemin est rocailleux proche du sommet. C’est dur, les jambes morflent mais quel plaisir une fois en haut ! Délivrance, on peut enfin voir le fameux lac.

Après avoir soufflé un coup, on ne boude pas notre plaisir à multiplier les photos. Nous ne sommes pas les seuls dans ce cas. Il est vrai que ce trek est l’un des plus prisés du Kirghizistan.